Épître de Frantz


 ÉPÎTRE DU 
POÈTE F.J. FRANTZ BOURSIQUOT 
AU PEUPLE HAÏTIEN
Orlando, Floride, le 14 Septembre 2017.

Chers concitoyennes et concitoyens, filles et fils de Dessalines, le Grand, le fondateur de la patrie, de Toussaint Louverture, le premier des Noirs et de Capois La Mort, le héros le plus illustre de tous les siècles, je vous adresse un fraternel salut, partant du plus profond de mon cœur blessé par la lamentable situation dans laquelle Haïti se débat. En tant que Poète et Méditatif, je me dois d'intervenir, vous édifiant sur le contexte économique catastrophique qui est à l'origine de la crise chronique de la bonne politique que traverse Haïti. En outre, je tiens à vous mettre au courant de quelques propos de Sa Majesté "Le Paon" ou du Normalisme, l'Ecole de 2017 dont vous connaissez déjà les préconisations qui sont des idées-forces du plan de sa vision globale du bien-être d'Haiti.

Cette intervention ne manquera pas d'aider la jeunesse estudiantine, les professionnels, le prolétariat, les chômeurs, etc… à mener à bien la lutte pour le mieux-être et le bien-être et, pour l'enclenchement de notre campagne pour l'amélioration du savoir de la négresse haïtienne comme du nègre haïtien que Ia société exige pour sa sauvegarde, à combler certaines lacunes.

DEUX FORCES EN LUTTE

Hélas ! nous avons deux forces opposées l’une à l’autre qui se disputent le pouvoir , le marché , la richesse qui en découle et le sol d’Haïti de 1804 à nos jours . Le pays est donc le théâtre de duel, de rivalité entre les deux plus grandes classes sociales , dont la bourgeoisie formée , d’une part, de Mulâtres et de Blancs, jouissant de l’affection de la communauté internationale  et l’emportant toujours sur la classe gouvernante ; et , d’autre part , l’Etat (classe moyenne ) dont la plupart sont des Noirs, subissant les iniquités , les outrages , les persécutions, tant de la communauté internationale que de la classe compradore. Par analogie, nous pouvons considérer la bourgeoisie comme un géant et l’Etat comme un pygmée .

En effet, c’est de cette division bien calculée que viennent les maux d’Haiti et naissent le chaos dont parlent surtout les Médias Américains , les impedimenta au progrès , etc.

Au fort de ma méditation, j’ai pu découvrir non sans surprise que notre bourgeoisie compradore , exécutant fidèlement et parfaitement sa mission qui consiste à s’enrichir sans cesse de l’accaparement du marché , ne fait jamais faillite. C’est par naïveté qu’on se plaint de son indifférence face à la boue de la Croix – des – Bossales qui entoure ses magasins . Elle s’en fout; elle n’a pas l’obligation de faire destiner une bonne fraction de l’argent amassé à l’entretien des rues, à l’embellissement du pays , à l’hygiène publique , etc.

Par contre , l’Etat faillit à son DEVOIR d’assurer le bien commun . Cette prévarication est manifeste : les monceaux d’ordures dont la surface est couverte de mouches qui se multiplient de jour en jour jonchent les trottoirs de la Capitale où je fus né et dont la beauté , jadis vantée par un grand nombre de Poètes et de Chanteurs , fascinait les touristes , le kidnapping qui s’apparente au terrorisme met les forces de l’ordre au défi de le supprimer , les manifestants qui scandent des slogans antigouvernementaux et patati et patata !

CONTEXTE ÉCONOMIQUE CATASTROPHIQUE

Les traits dominants d'un pays, lorsqu'il se meut en avant, sont une bourgeoisie nationale, proclamant à l'instar du Baron Joseph Dominique Louis cette injonction que voici:<< Faites-moi de Ia bonne politique et je vous ferai de bonnes finances >> à défaut de celle-ci, un régime économique, politique et social, l’autarcie, l' appel à Ia bonne politique, l’exécution de la mission morale des pouvoirs publics, l'adoption par le Parlement du meilleur programme, le pouvoir est confié aux plus capables, la justice, le bouclier national, l'ordre, des discours de pacification et de réconciliation nationale, la cohésion sociale, la fraternité, la bienveillance de la communauté internationale, ... mais lorsqu'il se meut en arrière, une bourgeoisie compradore, Ia carence de système ou de régime économique, politique et social, l' abstraction de Ia morale politique, le déficit budgétaire permanent, le règne de l’anarchie, le pullulement de gangs, des pseudo-Chefs d'Etat, le populisme intéressé, des discours incendiaires, l'imposture, des gouvernements fantoche, la politique à l'envers, des politicards, la politicaillerie, l'instabilité politique, le musellement de la presse, la démagogie, la prévarication, l’ arrivisme politique, les intrigues diplomatiques, les farces machiavélique, des scénarii politiques orchestrés pour catapulter à la tête du pays les moins capables, les élections bidon, les agitations, l'improvisation politique, les conspirations, le chaos, les luttes fratricides, les dissensions internes, la violence, le kidnapping, le trafic de drogue, un taux de chômage élevé, l'escalade de la prostitution, le trafic d'influence impuni, les imitations plates, l'acculturation, le calme plat, le laxisme, les actes scandaleux, le droit d'asile accordé aux pilleurs des caisses de l ‘Etat, l'exploitation économique, les persécutions, les prétextes allégués, le chantage, l'ultimatum, l'occupation, l'intervention d'échec, la domination, l'ingérence, la tutelle, les outrages...
  Voilà le parallèle entre le mécanisme d'un pays qui progresse et le mécanisme d'un pays qui régresse! C'est cette marche arrière nourrie, ce processus de l'enlisement d’Haïti dans Ia pauvreté, cette constatation que les choses vont de mal en pis qu'il faut appeler le développement du sous-développement.
  Je déplore avec véhémence l'action de notre bourgeoisie compradore, la prévarication des pouvoirs publics et l'action de la communauté internationale.
  Au juste, à qui imputer les catastrophes, les iniquités, les scandales, les déboires, la tourmente qui ternissent l’image d'Haiti et qui l’avilissent?
  Cette lamentable situation dans laquelle Haïti se débat, cette routine grise, cette chiennerie de tradition ne doivent être imputées ni aux analphabètes, ni aux intellectuels hors de la scène politique, ni aux professionnels, ni aux ouvriers, ni aux artisans, ni aux prolétaires, ni au sang porcin versé aux Bois-Caïman et patati et patata; mais, à la bourgeoisie compradore, aux dirigeants prévaricateurs et à la communauté internationale.
Pour étayer cette assertion, j'invoque dans l'ordre suivant mes références:
1. Un fragment du << COURS D'HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE HAÏTIENNE >>-TOME 1-Page 24
2. Un fragment du << COURS D'HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE HAÏTIENNE >>-TOME 2-Page 7
3. Un extrait du << COURS D'HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE HAÏTIENNE >>­ TOME 3- Page 7
4. Dix paragraphes du << COURS D'HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE HAÏTIENNE >>-TOME 4-Page 5, 6,8
5. Huit paragraphes de << LA RADIOGRAPHIE DE LA BOURGEOISIE HAÏTIENNE >>-Pages 13, 14, 22, 23, 28,34
6. Quatre paragraphes de << HISTOIRE HAÏTI LA NÔTRE >>.

SITUATION ÉCONOMIQUE 1804
La guerre de l’indépendance avait laissé le pays en ruine . L’acharnement mis par les troupes françaises à massacrer tout ce qui touchait de près ou de loin aux sublimes va – nu – pieds de Dessalines ; la tactique du général noir « Coupé tête ! Boulé caille ! » Réponse héroïque aux monstruosités de Rochambeau , tout cela mit notre pays dans une bien piteuse situation économique . Les champs de canne à sucre , de cotonnerie , d’indigoterie sur lesquels reposaient l’assiette économique de l’ancienne colonie française naguère si florissante , n’était qu’un amas de fumier . « Nous restâmes , dit Price , en possession d’un sol ravagé par la guerre . » D’ailleurs , les colons n’avaient su créer aucune organisation économique qui put servir de modèle aux nouveaux libres ; leur système reposait tout entier sur le travail servile et leur commerce dépendait exclusivement de la métropole . ( COURS HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE HAÏTIENNE DES PROFESSEURS D. FARDIN ET JADOTTE – Tome 1 « LES PIONNIERS DE L’ ÉCOLE DE 1836 » )    

-1825-
Dans ses édits du 17 Avril 1825, le Roi Charles X de la France, accepte de reconnaître l'indépendance d'Haïti à condition que Ie gouvernement de Jean-Pierre Boyer lui verse une indemnité de 150 millions de francs d'or pur ou de dollars américains, évalués aujourd'hui à Ia faramineuse somme de $21 milliards 7 millions. (HISTOIRE D'HAÏTI, La nôtre- Pages 206 et 419)

SITUATION ÉCONOMIQUE 1860
La situation du pays économiquement faible, déchiré par la guerre civile à l'intérieur, méprisé, incompris, insulté à l'extérieur, est à l'origine de la réaction des clercs. (Des mêmes Professeurs-Tome 2)

-1875-
Les emprunts que Rameau fit voter sont restés tristement célèbres. Ils furent simplement des scandales, surtout celui de 1875, dit << Emprunt Domingue. ll était de 12 millions de francs. Les neuf dixièmes de l'argent allèrent dans les poches des spéculateurs étrangers, de Domingue et de Rameau. Le pays ne tira aucun profit de cet emprunt, mais il eut la honte d'avoir, pour Ia première fois, un étranger à la douane de Port-au-Prince. (Histoire d'Haïti Cours Élémentaire et Moyen, page 183)

Affaire Luders ou l'iniquité du 6 Décembre 1897.
A cette date, le gouvernement allemand exige du gouvernement de Tirésias Simon Sam la somme de $20.000 en dédommagement à Luders. (Histoire d'Haïti)

SITUATION ECONOMIQUE 1898-1915
Le pays subit donc une crise qui menace les structures mêmes de la société. On s'enrichit goulûment au détriment des caisses de l'Etat. Une faune politique, vile et corrompue s'attache à la queue de tous les régimes. (COURS D'HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE HAÏTIENNE du Professeur Dieudonné Fardin Tome-3 "La génération de la ronde")

SITUATION ECONOMIQUE 1915-1946
De 1911 à 1915, six présidents se succèdent à la tête du pays. On en compte 4 pour l'année 1915 seulement. La guerre civile fait rage en dépit de la bonne volonté de certains dirigeants de rétablir la paix. L'anarchie règne sur tout le territoire de la république. Les classes moyennes n'entendent pas être écartées des affaires de l'Etat. Le pays connaît une crise profonde.
 
A cette époque, les Etats-Unis recherchaient de toutes manières le contrôle du marché haïtien. Et ils ne sont pas seuls. "A la fin du mois de février 1914, l’agent consulaire des Etats­ Unis, à Petit-Goâve annonça aux autorités de la ville qu'il était chargé de surveiller la perception des recettes de Ia douane. Le 14 mars, le ministre de l'Allemagne, le Dr. Perl, fit savoir au Ministre des relations extérieures M. Jacques N. Leger, que le gouvernement impérial insisterait pour participer au contrôle des douanes d’Haïti si ce contrôle était accordé à une ou plusieurs autres puissances étrangères. M. Léger répondit avec vivacité que rien de ce genre n'avait été envisagé” (Histoire du peuple Haïtien, D. Bellegarde)

Comment expliquer une telle ingérence dans nos affaires internes?

Des membres de la bourgeoisie étrangère établis dans le pays, particulièrement des syriens, en vue de protéger leur commerce, se disent citoyens américains et sollicitent à chaque escarmouche dans les rues de Ia capitale l'intervention et la protection des forces armées américaines.
 
Dix années plus tard..- les américains du nord, après s'être immiscés dans nos affaires internes, loin de résoudre les antagonismes économiques, politiques et sociaux les ont au contraire accentués. "Les mêmes contradictions de classes demeurent encore dit un bulletin de l'Union Patriotique. Les profiteurs étaient Ia même oligarchie financière qui avant 1915 avait fait du métier politique une exploitation tellement fructueuse que tout autre spéculation de fortune paraissait médiocre en comparaison".
 
L'emprunt de 1922, véritable" emprunt politique", est imposé au gouvernement Haïtien pour justifier le contrôle définitif de ses finances par des fonctionnaires américains.
 
Sous le gouvernement de Louis Borno, le véritable Chef d' Etat est le Général Jean Russel, haut-commissaire américain, Chef de l'occupation, car "tout projet de loi, quelle qu'en fût la nature, devait être soumis à son approbation ou à sa censure".

S'appuyant sur le témoignage de M. Arthur Millsoaugh, auteur américain, Bellegarde affirme "... Les fonctionnaires américains exercent pratiquement un pouvoir absolu en ce qui concerne le maintien de l'ordre public, les finances, l'économie, Ia santé publique et le programme d'extension agricole".
 
De plus l’occupant avive dans toute son acuité la question du préjugé de couleur en favorisant les mulâtres dans les emplois administratifs. 1927 est l'année terrible de l'occupation. Les bottes des Yankees enlèvent le sommeil à plus d'un.
 
C'est déjà l'époque où le Docteur Price-Mars inaugure son enseignement public (1917). Ainsi parla l'oncle paraîtra en 1928 pour orienter définitivement les démarches des jeunes de la Revue Indigène (1927). (COURS D'HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE HAÏTIENNE Du Professeur Dieudonné Fardin Tome 4-" Panorama Du MOUVEMENT INDIGÉNISTE".)
 
Les fragments de notre histoire ci-dessus présentés nous révèlent la lâcheté, la cruauté, les persécutions de la France, de l'Allemagne et des Etats-Unis à l' égard d’Haïti.
 
Passons à l'action de la bourgeoisie haïtienne, considérée comme la plus grande catastrophe économique interne!
 
L'ouvrage du Poète, Professeur et Historien Michel Soukar, intitulé : << LA RADIOGRAPHIE DE LA BOURGEOISIE HAÏTIENNE » relate un tas d'actes de notre bourgeoisie compradore qui ne manquent pas de heurter la conscience et de susciter l'indignation générale. En voici 8 paragraphes disposés suivant l'ordre du livre:

1
En ce qui concerne l'économie haïtienne, il est évident qu'une des conditions de l'intervention américaine de 1994 visait Ia privatisation des entreprises publiques.
2
Alors que nos frères de race du Black Caucus s'imaginaient recevoir par le biais de cette privatisation la récompense méritée de leurs efforts en faveur de "la restauration de la démocratie "en Haïti, ils ont été tenus à l'écart du partage des dépouilles. La bourgeoisie haïtienne traditionnelle demeure, jusqu'à présent, la grande bénéficiaire de la libéralisation de l'économie nationale. Les classes moyennes qui avaient constitué ce secteur relativement important de l'économie publique haïtienne, se retrouvent être le préposé aux sales besognes en faveur de la lumpen-bourgeoisie. En effet, dans son ouvrage sur les Etats-Unis et le marché haïtien, Alain Turnier écrivait: "Avant l'occupation, les intérêts américains comprenaient le wharf de Port-au-Prince, Ia Compagnie Électrique, Ia Compagnie des chemins de fer de la Plaine du Cul-de-Sac, le Chemin de fer National et une participation d'environ 40 pour cent à la Banque Nationale".
3
Les gouvernements d'Estimé, Magloire et Duvalier réussirent à haïtianiser ces services publics ainsi que la HASCO, la plantation Dauphin, la Minoterie, la Téléco, le Ciment d'Haïti et la défunte ENAOL. Il est significatif qu'à la fin des années 1990, les représentants de la lumpen­ bourgeoisie enfilent les pantoufles préparées par les classes moyennes, non-pour servir de fondés de pouvoir plus ou moins prévaricateurs d'un état faible et corrompu, mais comme propriétaires ou actionnaires influents. Cette ascension n'a été possible que parce les classes moyennes avaient réussi à bouter l’étranger hors de ces secteurs clés, véritables hauteurs dominantes de notre économie nationale.
4
Au nombre des neufs maîtres de L'économie haïtienne, on ne retrouvait que deux représentants de familles haïtiennes (Boucard et Gentil), les sept autres étant des ressortissants étrangers. Autour de Paul Magloire, incarnation du pouvoir politique d'après 1946, se dressaient deux noirs et deux mulâtres, tous féaux du Chef de l'Etat, mais surtout serviteurs zélés des capitalistes étrangers qui dominaient à l'époque l'économie haïtienne et la dominent largement encore. En effet, si l'on retient l'échantillon offert par "le Nouvelliste", on peut relever que les descendants des sept hommes d'affaire d'origine étrangère sont maintenant les chefs de file du système bancaire haïtien: les Brandt (fondateurs de la Banque de l’Union Haïtienne), les Nadal (co-fondateurs de la Sogebank), les Deschamps (qui ont un des leurs à la vice-présidence de la Promobank). Quant aux Madsen, ils contrôlent la seule brasserie d'Haïti et une partie du commerce d’exportation du café, tandis que les Elie Joseph dominent un secteur de l'importation de tissus et de produits alimentaires.

-5-
Au début des années 1980, la bourgeoisie n'était plus seulement foncière. Elle devenait peu à peu industrielle et aspirait maintenant sur la lancée de la famille Brandt fondatrice de la BUH en 1973 à devenir financière.

-6, 7-
Les vrais maîtres de la terre d'Haïti, ce n'est pas chez ces notables noirs qu'il faut les chercher, mais plutôt dans les rangs des grands propriétaires mulâtres ou allogènes.
Il va de soi qu'en raison de l'anarcho-populisme prévalant au sein de l'Etat haïtien (Lavalas) et du rapport des forces sur le terrain, il est bien plus facile de clouer au pilori et de déposséder les grands dons que de toucher aux propriétés, immenses parfois, situées dans la périphérie immédiate de Port-au-Prince. C'est là le sens profond du discours prononcé à Kenscoff le 6 Décembre 1998 par le président René Préval. Le Chef de l'Etat qui se targue d’avoir fait la réforme agraire dans l’Artibonite, reconnaît que les millions de dollars fournis par la Chine nationaliste pour la construction de logements sociaux restent inutiles faute de terrains disponibles pour la réalisation de ce projet:" Il est impossible de trouver en Plaine du Cul-de-Sac un pouce de terre pour y construire des logements sociaux! La plaine toute entière appartient aux 'grannegs'. Où pourrait-on reloger les habitants des bidonvilles des hauteurs? Sur les terres de la HASCO?" Ces interrogations de René Préval montrent qu'il n'est pas toujours vrai que le bâton qui a servi à battre le chien noir puisse s'appliquer également au chien blanc.

- 8-
Un terrain de 6 hectares 45 ares et 2 centiares, bordant l'Avenue Haïlé Sélassié qui conduit à l’aéroport International de Port-au-Prince, fut vendu par l'Etat haïtien, le 11 mars 1971, en vertu d'un décret du 11 décembre 1970 pour Ia somme de 6.500 gourdes à deux représentants de la bourgeoisie mulâtre. Le prix de la vente apparaît tout à fait grotesque quand on aura précisé que les honoraires de l'arpenteur, appelé à délimiter cette énorme propriété se chiffrèrent, en application du tarif réglementaire, à 6.575 gourdes. L'absurdité est à son comble lorsqu'on sait que le Ministre des Finances, qui représenta l'Etat lors de la transaction, a vécu toute sa vie dans Ia modeste demeure de famille de Ia Rue Mgr. Guilloux, où il mourut sans doute dans un état voisin de la gêne. Il n'avait souscrit à une telle transaction que sous la pression musclée du protecteur des acheteurs.

« Ôte-toi de là! que je m'y mette ».
Ces termes imagés nous portent à saisir sans peine l ‘intention dans laquelle les politiciens se disputent le pouvoir. C'est avec frénésie qu'ils se précipitent vers la richesse qui s'y trouve. Fascinés par le luxe du pouvoir et les prérogatives qui en découlent, les leaders des partis politiques s'irritent contre le pouvoir en place et réclament son départ immédiat.
 Voilà le cercle vicieux où se trouve Haïti. Sauf nos premiers Ancêtres, tous les gouvernements portent le plumage ou le pelage ou les stigmates du pillage du trésor public.

SITUATION ÉCONOMIQUE SOUS JEAN-CLAUDE DUVALIER

Au début des années 1980, il devient impossible à quiconque parmi les autorités duvaliéristes, les pillards, d'aller, comme par le passé, chercher de l'argent dans les institutions de l'Etat, telles que le Ciment d’Haïti, la Minoterie, la Téléco, les Douanes, les autorités portuaires et les Contributions. Le mécontentement gagne alors le rang de certains Jean-Claudistes insatiables qui n'entendent pas perdre les produits de la vache à lait, c'est-à-dire les retombées du budget secret du gouvernement.

De ce fait, ils commencent par mener une campagne de dénonciation par personne interposée. On parle de détournements de fonds du gouvernement par le biais de la << Fondation Michèle Bennett Duvalier>> dirigée par la Première Dame. Elle a dû s'expliquer à des journalistes étrangers sur la raison d'être de son organisation. D'après Madame Bennett << Les activités de la Fondation sont naturellement complémentaires de la politique sociale du gouvernement. Elles rejoignent les objectifs sociaux du programme gouvernemental. Dans le domaine médico-sanitaire et social, il y a une étroite collaboration entre la Fondation et les institutions gouvernementales. Mais le rôle de la Fondation consiste à canaliser les dons et toutes formes d'aide du secteur privé en vue d'aider les démunis et les déshérités. ("HISTOIRE D'HAITI LA NÔTRE “de l’Historien Guerdy Jacques Préval- Page 350)

SITUATION ÉCONOMIQUE SOUS JEAN-BERTRAND ARISTIDE, 2ème MANDAT: 2001-2004

Le président a laissé infiltrer dans son gouvernement, sans s'en rendre compte, des traîtres, des trafiquants de drogue, des pillards des caisses de l'Etat, des gens qui jouent aux caïds, des gens qui ne croient ni à l'amour du pays, ni en l'honnêteté de leurs activités politiques.
Dans certaines administrations, c'est carrément la gabegie. L'exemple le plus frappant est celui du Ministre de l'Intérieur, Henry Claude Ménard. Il s'est placé au-dessus de la Direction Générale des Impôts (DGI) en exigeant que les recettes des passeports s'acheminent à la caisse de son ministère. Ce qui va à l'encontre des principes de la fiscalité. Il s'est dirigé en personne et, avec autorité, enlève la caisse de perception du bureau de l 'Immigration dirigée par Jeanne Bernard. Il en va de même du premier Ministre du gouvernement, Jean-Marie Chérestal. Celui-ci a fait l'achat d'une maison pour son usage privé, au prix d'un million de dollars américains, à même les comptes de l'Etat. Après ce scandale, cet édifice a été remis à l'État. ("HISTOIRE D'HAÏTI, LA NÔTRE" de l'Historien Guerdy Jacques Preval-Page 418).

Ces passages choisis en toute impartialité dont je vous munis nous sont des leçons du passé, très utiles au présent comme à l'avenir dont nous devons toujours nous souvenir; puis, nous révèlent le racisme, la cruauté, la cupidité, la piraterie, la barbarie etc. des protagonistes impliqués dans les scandales catastrophiques ou les iniquités qu'ils contiennent:

1) Le scandale du 17 Avril 1825 ou l'iniquité de la dette de l'indépendance. (Histoire d'Haïti, la nôtre, p.149)
2) Le scandale des Emprunts de Rameau et Domingue en 1875 (Histoire d'Haïti- Cours Elémentaire et Moyen, page 183)
3) Le scandale du 6 Décembre 1897 ou l'iniquité de l'affaire Luders.
4) Un scandale de l'arrivisme politique de 1898 à 1915. (Histoire de la Littérature Haïtienne- Tome 3, page 7)
5) Le scandale de Février 1914 ou l ‘iniquité de la perception des recettes de la douane par
l'agent consulaire des Etats-Unis à Petit-Goâve. (HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE HAÏTIENNE-Tome IV, page 5)
6) Le scandale du 14 Mars 1914 ou l'iniquité de l'ingérence de l'impérialisme allemand en Haïti. (Histoire de la Littérature Haïtienne-Tome IV, page 5, 6)
7) Le scandale de Novembre 1914 ou l’iniquité de la tentation de Davilmar Théodore 
( 7 Novembre 1914 - 22 Février 1915) (Histoire de la Littérature Haïtienne- Tome IV, page 6)
8) Le scandale de Décembre 1914 ou l'iniquité de l'enlèvement des 10.000.000 de franc- or
par des soldats de la Marine américaine. (Histoire de la Littérature Haïtienne- Tome IV, page 6)
9) Le scandale du 11 Mars 1971 ou l'iniquité du terrain de 6 hectares 45 ares et 2 centiares vendu pour Ia somme de 6.500 gourdes. (RADIOGRAPHIE DE LA BOURGEOISIE HAÏTIENNE, Page 34)
10) Le scandale révélé par le Président René Préval 6 Décembre 1998 ou l’iniquité de la mainmise sur la Plaine du Cul-de-sac. (RADIOGRAPHIE DE LA BOURGEOISIE HAÏTIENNE, Page 28)
11) Un scandale ou une iniquité de l'arrivisme politique sous Jean-Claude Duvalier au début des années 1980. (<<HISTOIRE D'HAÏTI, la nôtre, page 350)
12) Deux scandales ou deux iniquités de l'arrivisme politique sous Jean-Bertrand Aristide au début des années 2000. (HISTOIRE D'HAÏTI, la nôtre, page 418). MALHEUR À L'HOMME PAR QUI LE SCANDALE ARRIVE! (Matthieu 18:7)

Voilà, en bref, le processus de l'appauvrissement d’Haïti! Souvent, les Mass media parlent d'Haïti comme étant le pays le plus pauvre de la Caraïbe; mais cachent, par manque d'objectivité et d'intégrité, le pourquoi de sa situation. Ainsi, beaucoup d'haïtiens écervelés ont des complexes (sentiments d'infériorité). Ils troquent leur culture (décorum, respect des convenances, amour filial, etc.) contre une autre (sans décorum, sans respect des convenances, sans amour filial, etc.) qui peut gâcher leur avenir. On ne peut les distinguer des Américains noirs sans respect des convenances et des Jamaïcains noirs dissolus tant ils leur ressemblent. Ils ne savent pas, hélas! qu'ils s'abaissent à imiter servilement ces gens-là.
Je vous demande, donc, de m'aider à retourner en positif ce que le vocable << HAÏTIEN » a de péjoratif pour remédier à cette situation. Je suis fier d'être Haïtien à la pensée que mes veines charrient le sang de Toussaint Louverture, le premier des Noirs, de "Jean -Jacques Dessalines, le Grand", le Fondateur de ma Patrie: "le berceau de la puissance noire" et de Capois-La­Mort le Héros des Héros.
II serait tout à fait sage d'appeler à notre aide nos frères et sœurs de race, disons mieux, une grande puissance africaine, puisque les superpuissances et la ligue des grandes puissances s'y intéressent trop peu. Hélas! cette grande puissance africaine n'est pas de ce monde à l'envers où règnent l'oppression et la tyrannie, où la force prime encore le droit, où le fort étouffe le faible, où le vice qui devrait être flétri est exalté ... l'Afrique est morcelée et, de ce fait, affaiblie. Les pays qui la composent ne sont pas unis entre eux indépendamment de leur volonté ou malgré eux. Aucun d'eux ne peut nous tendre la perche. Les blancs dominent sur eux tous : la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Liberia, le Congo, l’Angola, le Mozambique (colonies portugaises), le Zimbabwe - La Corne de l'Afrique : la Somalie, l 'Ethiopie, le Djibouti et l'Erythrée - Le Grand Magreb : le Maroc, L'Algérie, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie (Afrique du Nord) - L'Afrique du Sud, première puissance économique du continent, etc.
L'idéal pour nous serait d'avoir une bourgeoisie à majorité noire et à minorité blanche. Que cela ne froisse personne! Il n'y a point en Haïti de bourgeois noirs, ni aux Etats-Unis de capitalistes noirs. Quelque riche qu'un Nègre puisse être, l'oncle Machin lui est supérieur et, de ce fait, le subjugue et lui tient la bride.
 
A ceux qui sont désemparés comme aux défaitistes, je dis que tout n'est pas flambé, car Dieu qui peut ranimer le courage des cœurs abattus est avec nous dans le combat. Il est immuable. Il fera pour nous, certainement, ce qu'il a fait, jadis pour nos Aïeux, "LES TITANS DE L'INDÉPENDANCE". A cet effet, nous devons l'invoquer en toute humilité et faire de Lui nos délices. C'est Satan qui a mis nos ancêtres sous le joug de l'esclavage. C'est MICAEL qui les en a libérés à main forte et à bras étendu. " A Dieu soit la gloire au siècle des siècles!" Mot d’ordre: ” Souvenons-nous constamment de glorifier pleinement L’Eternel des armées en retour du prodige de l'indépendance qu'il a opéré en notre faveur !"
Gardons-nous d'appliquer dans la bataille "la loi du talion" qui est du Diable! Notre Dieu, le Dieu d'Abraham, d'Isaac, de Jacob et d'Haïti, ne manquera pas d'exercer sa vengeance contre les ligues de nos malfaiteurs qui méditent contre nous de mauvais desseins et d'infliger à chacun d'eux la rétribution bien méritée, car notre cause Lui est confiée.

OPINION VÉRIDIQUE
Munis des textes de référence et de base tirés, tantôt, de L'Histoire d'Haïti, tantôt, des tomes 1, 2,3 de L'Histoire de la Littérature haïtienne, tantôt, de la Radiographie de la bourgeoisie haïtienne, vous convenez de l'opinion selon laquelle les seuls responsables de notre conjoncture actuelle, du chaos, de la crise économique et politique et de nos déboires sont
1. Nos bourgeois compradors qui ne songent qu'à intensifier leur profit.
2. Nos Chefs d'Etats fantoche, et poltrons, nos Ministres machiavéliques, nos Sénateurs sans vergogne, nos Députés sans scrupule, etc…faisant les concessions les plus incroyables, les plus ignominieuses et les flagorneries au préjudice de la nation haïtienne pour satisfaire leur arrivisme. Dans leurs discours, la << DÉMOCRATIE >> dont ils ignorent la définition, est le vocable le plus martelé. D'autre part, ils donnent à la démocratie, pour se faire préférer ou élire, une connotation de bien-être social et une implication de droit à l'immoralité ou de licence. L'anarchie qui règne dans le pays en est l'effet. Ces salauds sont tous des populistes. Ils sont tous hostiles à la << POLITIQUE HAUT DE GAMME >> ainsi qu'à la poursuite des avancées phénoménales.

3. Les hommes et femmes politiques de la communauté internationale impliqués dans l’action scandaleuse de l'enlisement d'Haïti dans le sous-développement (développement du sous- développement ou mouvement à reculons) qui nous font subir leurs iniquités (domination, occupation, tutelle, intervention d'échec, ingérence, démantèlement de l'armée d'Haïti, rendant le pays très vulnérable face à la Dominicanie, politique de persécution, etc.) pour nous ravir notre souveraineté, ternir et souiller notre image, ruiner, ronger notre fierté des premiers Nègres et Négresses indépendants du monde, s'enrichir de plus en plus, nous appauvrir de plus en plus et pérenniser la tradition.

Voilà un mouvement social qui inscrit sa lutte dans la perspective d'un avenir meilleur par l'amélioration de l'action de notre bourgeoisie, des pouvoirs publics et de la communauté internationale.

 "PROPOS."
Le Paon se propose de dispenser de l'aide humanitaire aux plus démunis sous plusieurs formes par l'intermédiaire de son Ministère caritatif dénommé: << MISÉRICORDE >> (Luc 10: 37), de fonder des établissements scolaires, d'ouvrir des Instituts, d'implanter des galeries d'Art, d'organiser des colloques, des conférences, des symposiums, des forums, des marathons, etc. d'ériger des monuments en l'honneur de nos Héros et Héroïnes, de nos hommes et femmes de talent et de génie, des sommités politiques, de l'élite de l'ensemble des intellectuels, d'établir des laboratoires de l'urbanisme, des centres de recherches érudites, des cercles littéraires et artistiques, de décerner des prix d'excellence, des prix d'innovation, des prix de performance athlétique et artistique, d'embellir notre réseau routier, de former un groupe musical dénommé: << TIKI BAND >> ainsi que des fanfares, de se jeter dans la mêlée pour l'instauration de notre propre régime économique  et de notre propre système  politique,  d'instituer une organisation, ayant pour objet la sécurité de la diaspora haïtienne, etc...
 
Voilà un élément de culture naissant, une référence d'originalité contemporaine, un mouvement qui ne manque pas d'agréer à tous, un mouvement de bon augure et une preuve tangible de notre volonté de professer la mystique du dépassement ou d'émerger du calme plat (notre stade actuel) à l'ère de l'orgueil national, une tentative de faire œuvre qui vaille, une cause à chérir pleinement et à soutenir par prières, dons de toutes sortes, subventions, mécénat du Ministère de la Culture, militance,franchise douanière, etc.
 
Je vous appelle, donc, à la mobilisation de vos forces intellectuelles, physiques et économiques pour la matérialisation des projets ci-dessus mentionnés. Je vous appelle, donc, filles, fils de Dessalines, de Toussaint Louverture, de Capois-La-Mort ... à cette nouvelle lutte pour la conquête de notre bien-être et pour que nos enfants et nous ne soyons plus l’ objet des moqueries et des insultes de nos adversaires.
 
J’espère pouvoir un jour dégager avec précision tous les ressorts de la détresse d'Haïti, des maux qui l'accablent et qui assombrissent son horizon ou des catastrophes qui menacent d'emporter les ressources qui lui restent. Nous ne réussissons pas, non que nous soyons incapables de nous gouverner; mais parce qu'on nous barre la route.

Je souhaite du plus profond de mon cœur que notre chère Haïti, secouant ses vieux haillons de la tradition, puisse se revêtir d'une robe parsemée d'ocelles de paon, qu'en nous retentissent les cris de Capois-la-Mort :<<EN AVANT! EN AVANT! EN AVANT! et brûle la flamme de l'espérance, une des trois vertus théologales.
 
Veuillez, mes chers compatriotes, apprécier à leur juste valeur, mon engagement, ma vocation, mon intervention et ma promesse de vous indiquer, du mieux que je le peux, les avenues du succès pour que, désormais, vous ne soyez plus les dupes des pseudos-intellectuels qui donnent des vessies pour des lanternes et recevoir favorablement mes chaleureuses et patriotiques salutations.
 
                                                                                                                                                                                                                                                                                                       Poète F.J.  FRANTZ BOURSIQUOT

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